„Création ex nihilo”. Quelques remarques sur la genèse et le développement de la notion

La „création ex nihilo”, ayant sa source (comme notion) dans les premiers versets du Livre de la Génèse et (comme dénomination) dans le Deuxième Livre de Macchabées (7, 28: ὅτι οὐκ ἐξ ὄντων ἐποίησεν αὐτὰ ὁ Θεός), a trouvé son articulation d'abord dans la catéchèse et seulement plus tard dans l'apologétique des Pères grecs. En effet, vers la moitié du IIe siècle, dans le Pasteur d'Hermas, on ne rencontre qu'une explication verbale de la formule du 2. Macch. 7, 28, et c'est seulement environ trente ans plus tard que Théophile d'Antiochie, dans son apologie Ad Autolycum, lui a donné une brève explication philosophique. Cependant, dans l'Apologie du premier philosophe converti au christianisme, s. Justin le Martyre, datant de l'époque plus proche de celle Pasteur d'Hermas, l'accent a été mis pas sur la première création biblique, celle de la matière, mais sur la deuxième création, c.-à-d. sur la formation du monde de la matière déjà existante, que Platon raconte dans son Timée en imitant, selon l'opinion de Justin, le discours de Moïse. C'est donc seulement à la fin du IIe siècle que la notion de création ex nihilo reçοit sa forme philosophique et devient universellement acceptée. Présente déjà, sous une forme concise, dans l'Adversus haereses de s. Irénée de Lyon des derniers vingt ans du IIe siècle, elle a été développée en une théorie philosophique par Origène, entre autre dans le passage de son Commentaire à la Génèse (1, 12) cité par Eusèbe de Césarée (Praep. evang. VII 20), où même le mot ποιεῖν a pris, sans aucune explication verbale, la signification téchnique de creare, c.-à-d. ex nihilo facere